Bidouilleur, hacker, solutionneur

Bonjour,

Un solutionneur est quelqu’un qui « apporte une solution » d’après Wiktionnaire.

Pour ma part, je préfère indiquer que c’est celui qui « trouve et apporte une ou plusieurs solutions ».

Voilà là un mot que nous devrions employer bien plus souvent.

Lorsque j’étais jeune depuis bien moins longtemps, il arrivait que l’on me décrive comme un « bidouilleur », dans ce bon sens du terme (solutionneur). Mais ce mot est parfois associé à des expressions plus réductrices façon « bricoleur du dimanche », voire négatives.

Le mot hacker, quant à lui, est associé à tellement de choses qu’on ne sait plus très bien ce que les gens comprennent. Pour une partie de la population, dont je fais partie, la signification principale est la même, celle du solutionneur, celui qui trouve et apporte une ou plusieurs solutions.

L’anecdote du jour

Je vous propose de vous conter un épisode de ma vie qui se situe aujourd’hui et qui se rapporte à ce terme.

Le contexte

Alors voilà, j’utilise un système d’exploitation compartimenté (et donc très sécurisé, beaucoup mieux que beaucoup d’autres).

Dans ce système très compartimenté, je sépare mes usages : mon logiciel de client de messagerie électronique est dans un sous-système différent de mon logiciel de navigation web que j’utilise pour éditer les contenus de mes sites web personnels.

De ce fait, je dois utiliser un copier-coller un peu spécial :

• je copie le contenu souhaité dans le presse-papier du sous-système A (messagerie pour cette anecdote) ;
• je copie ensuite le contenu du presse-papier du sous-système A (messagerie) dans celui d’un sous-système central (ultra sécurisé) ;
• je colle le contenu du presse-papier du sous-système central dans le presse-papier du sous-système B (navigateur web) ;
• pour enfin, coller le contenu du presse-papier du sous-système B dans l’application souhaitée.

Le problème

Alors que j’effectue ce procédé pour intégrer le texte d’un de mes brouillons de courrier électronique dans mon Wiki personnel, je m’aperçois que je perds l’encodage des caractères.

Pour les béotiens, l’encodage, c’est ce qui fait qu’un é s’affiche bien « é » et non pas « é » ou d’autres choses du même effet.

Je vous passe le détail de mes recherches et analyses, mais pour l’essentiel :

• tous les sous-systèmes étaient bien paramétrés pour utiliser l’encodage fr_FR.UTF-8 qui va bien ;
• j’avais beau essayer avec plusieurs combinaisons d’applications dans chacun des sous-systèmes, le problème persistait.

J’ai fini par trouver plusieurs solutions au problème, dont une qui satisfaisait à mon cahier des charges (ne pas rompre la sécurité mise en place).

Elle peut paraître extrêmement triviale une fois qu’on la connaît, et je désespère de n’avoir pas commencé par elle, car, en effet, j’aurais dû. Et ce même si RIEN de LOGIQUE n’explique qu’elle fonctionne.

La solution, parfois sans l’explication

Force est de constater que j’ai trouvé une solution à mon problème, mais que je suis, dans le détail, incapable d’expliquer ce qu’il se passe exactement.

J’en comprends le principe et le fonctionnement général, mais je n’ai pas accès à toute l’information et toute la connaissance pour, dans l’idéal, proposer une correction dans les codes informatiques impliqués dans ce problème.

Ce qui compte, c’est d’avoir une solution sous le coude et de savoir s’en servir en cas de besoin. J’en ai mêmes d’autres, mais moins satisfaisantes.

Il en va de même de tous les solutionneurs, dans tous les domaines.

Comme dit le dicton :

« Tout le monde savait que c’était impossible.
Un imbécile qui ne le savait pas est arrivé, et il l’a fait. »

Compléments

Bien sûr, il existe bien souvent de nombreuses solutions, le solutionneur n’en découvre généralement qu’une infime partie.

Il existe de bons solutionneurs, des moins bons, voire de mauvais : les mauvais introduisent de nouveaux problèmes avec leurs solutions, les moins bons ne trouvent pas une solution qui convienne, alors que les bons y parviennent.

Ce n’est pas bien grave, au moins, les solutionneurs ont tenté de contourner le problème, acquis de nouvelles connaissances et compétences, fait un tour plus complet de choses dont la plupart des gens ne se soucient pas voire dont ils ne soupçonnent pas l’existence.

Plus important encore ; les solutionneurs sauront

• appliquer leurs solutions à nouveau s’ils rencontrent le même problème ou un autre similaire, et mieux encore
• adopter la même attitude et développer les mêmes talents de nouveau la prochaine fois qu’ils croiseront un de ces satanés problèmes autour desquels le plus grand nombre se complaît à tourner en rond sans fin.

Les fins mots

Le plus rigolo, c’est qu’il arrive bien souvent que l’on n’arrive pas à reproduire le problème. « Pire », le problème peut disparaître aussi « miraculeusement » qu’il est apparu.

Certains problèmes sont insolubles, le solutionneur trouve et apporte alors des solutions différentes : elles ne corrigent pas le problème, mais elles permettent au solutionneur d’avoir une vie meilleure. 😉

Message personnel

Les solutionneurs sont des gens rares et précieux.

Il est utile de savoir s’en entourer, et de savoir valoriser et rémunérer ces qualités correctement et durablement.

Et surtout, quand on est en responsabilité, si on est confronté à un conflit qui oppose un emmerdeur et un solutionneur, on préserve toujours le second — sans pour autant détruire ou éliminer le premier, d’ailleurs —.

Si on se trompe, le solutionneur saura alors qu’il est temps qu’il s’en aille, car le solutionneur, par expérience, sait qu’il n’a pas sa place là où les emmerdeurs sont rois et les responsables incompétents.

En effet, que peut espérer un solutionneur s’il constate que ses responsables se trompent tout le temps de « solution » ?

Y compris et surtout, bien souvent, en allant à l’encontre des discours qu’ils ont tenu pendant le recrutement et l’intégration du solutionneur.

Au plaisir,

Marc JESTIN